De Simonis à Louise....ou bien l'inverse ?

Une jeune fille style latino bombasse : cheveux noirs lissés tombant sur les reins, ongles ultra manucurés, fuschia cela va sans dire, talons haut, lèvres pulpeuses, de grandes lunettes noires qui lui mangent presque tout le visage. Sacs à mains et t-shirt hello petit chat. A peine assise elle dégaine son gsm (rose fuschia comme vous l'aurez déjà deviné), pendant toute la conversation elle va être très sèche et agressive au téléphone avec un interlocuteur qu'on n'arrive pas à définir (soeur ? frère ? petit copain ?) :

"T'es où ? au sport ! t'a pris mes lunettes!

- ...

- Te fous pas de moi, pour faire du sport t'as pas besoin de lunettes, moi j'ai pris celle de Paloma et Paloma elle prend les miennes c'est comme ça que ca marche"

- ...

- Mais ca je m'en fout, moi je viens de me faire crier par Paloma parce qu'elle trouvait pas mes lunettes ! Quand tu prends tu préviens !"

- ...

"t'as qu'à envoyer un sms, t'envoie bien un message à tes copines pour dire que tu es en train de pisser."

Elle raccroche, les voisins répriment un sourire car elle a pas l'air du genre à plaisanter. "Chacun voit avec ses lunettes" dit un proberbe, et quand ce sont celles d'un autre ?

Deux collèges de bureau apparement. Elle, la cinquantaine, un peu boulotte, chaussures plates, boite à tartines et bouteille d'eau dans son sac, le dernier Marc Levy à la main. Lui, la quarantaine, très grand, très fin, très délicat dans ses manières avec de longs doigts qui ne cessent de se crisper.

Il lâche de but en blanc : "tu sais que je revends mon lustre?

- le grand lustre qui était dans le salon ? il était si beau !!

- je sais bien mais où veux tu que je le mettre maintenant dans mon deux pièces...

- ton ex n'en veut pas ?

- il est parti avec son julot en angleterre alors le lustre, hein..ca rentre pas dans les bagages......on l'avait acheté pour nos dix ans de vie commune ce lustre..."

On entend presque la vague de chagrin qui remonte, il serre un peu plus ses doigts, on le sent aux bords des larmes, elle a le tact et la délicatesse de ne rien dire. Il se reprend, soupire, ils descendent tous les deux à Madou.

C'est un douloureux labeur que la rupture des sombres attaches du passé, même lorsqu'il s'agit d'un lustre!

Une maman et ses deux enfants. La mère debout, très élégante, tendance bobo chic : veste très bien coupée, bottes montantes en daim et sac à main sortant d'un très grand magasin qui ne s'appelle pas carrouf.

Les deux petits sont assis. Le garçon, 8-9 ans très appliqué, blondinet, révise déjà ses devoirs. La petite, 4-5 ans, plus dissipée, gigote sans cesse sur son siège, ouvre son sac Dora, le referme, l'ouvre à nouveau "Maman, j'ai soif et j'ai pas ma bouteille!", une fois, deux fois, la troisième fois, la mère réplique "Ecoute ma puce, je te promets que nous allons nous arrêter à un magasin pour acheter de l'eau. D'ici là, il faut que tu crois en moi, en la vie et en dieu"

La foi ou la soif, il faut choisir....